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La Brûlerie des Alpes : torréfaction depuis 1926

 

La Brûlerie des Alpes est la plus ancienne torréfaction du bassin grenoblois. Née en 1926 au 56 cours Jean Jaurès à Grenoble, son histoire est empreinte de fortes valeurs familiales. Pour mieux comprendre les origines et les valeurs de cette torréfaction, Patricia Chemin, dirigeante depuis 2011, nous a accordé de longues minutes lors d’une interview passionnante. Bonne lecture !

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Contez-nous l’histoire de la Brûlerie des Alpes

 

Origines et développement

 

Pour Patricia Chemin, la Brûlerie des Alpes est une opportunité qui s’est transformée en passion. Elle a repris l’affaire en 2011 et a travaillé dur pour la faire grandir.

« La Brûlerie est la plus vieille torréfaction du bassin grenoblois. Elle date de 1926, elle aura 100 ans dans 3 ans. La boutique est née au 56 cours Jean Jaurès à Grenoble et aujourd’hui, nous sommes toujours à la même adresse. Depuis que j’ai repris, j’ai développé 2 sites supplémentaires : 1 pour la production (140m2 de superficie) et 1 boutique à Montbonnot qui est active depuis avril 2022. On y retrouve du café bien sûr, du thé, des accessoires, des capsules bio-compostables et nous avons également un espace coffee shop. Quand j’ai démarré, le torréfacteur était dans la boutique de Grenoble. Avec le temps, on a rapidement manqué de place donc on a déménagé. C’était un torréfacteur Devigne Janin qui date des années 30. On a toujours le même aujourd’hui. »

 

 

De comptable parisienne à gérante d’une torréfaction grenobloise

 

Animée par sa passion, la dirigeante nous confie son parcours jusqu’à la tête de la torréfaction.

« Je suis parisienne et de métier comptable. Je suis venue dans la région grenobloise dans les années 2000. À la recherche d’un emploi, c’est suite à un entretien de 3h que l’on m’a nommée responsable de la Brûlerie des Alpes. Après plusieurs années à ce poste, j’ai eu l’opportunité de racheter l’entreprise. J’ai mis toutes mes économies dedans et j’ai pris de gros risques. J’ai fait remettre aux normes le torréfacteur qui fonctionnait au charbon à l’époque, sans aucune garantie que cela marcherait. Aujourd’hui, je suis contente du résultat mais ce n’est pas toujours facile d’être entrepreneuse. Il y a des périodes qui peuvent être très compliquées. »

Grâce à son engagement et sa discipline, Patricia Chemin a su parfaire ses connaissances autour du café.

« J’avais appris ce qu’était le café dans des bouquins mais tout ce qui concernait la torréfaction, les cours du café, je n’étais pas du tout là-dedans. Il a fallu que j’apprenne tout.  J’ai alors fait appel à l’ancien torréfacteur, René Belin, pour qu’il me fasse une formation complète. Il faut se rappeler qu’auparavant, le métier de torréfacteur n’était pas populaire puisqu’aucune formation diplômante n’existait. »

 

« C’est une entreprise familiale. »

 

Lors de notre échange, Patricia nous explique que la Brûlerie des Alpes a toujours été une entreprise familiale.

« En 1926, la famille Frédière a créé la Brûlerie. Ils ont pris ce local et ont travaillé pendant des années. Ensuite,  leur fille et leur gendre ont repris l’affaire. Revendue à René Belin, il a tenu la torréfaction pendant 20 ans avec sa femme et son neveu. Par la suite, elle a été rachetée par un groupe d’associés qui ont aussi travaillé en famille. Enfin, les Cafés Pivard sont arrivés et j’ai rencontré Vincent Pivard. Il cherchait quelqu’un de confiance pour tenir la boutique. Je suis arrivée avec mes diplômes de comptable et j’étais prête à relever le challenge. Je l’ai ensuite rachetée en 2011. »

D’abord seule face à ce grand défi, Patricia a finalement été rejointe par sa famille dans l’aventure entrepreneuriale.

 

 

« En 2017,  j’ai embauché mon fils et mon mari. Cette même année, on a effectué des  travaux d’embellissement avec pour choix stratégique de déplacer la torréfaction. Ça nous a permis de libérer de la place dans la boutique et de créer tout un espace dégustation. J’ai formé mon mari au métier de torréfacteur et c’est lui qui torréfie depuis. Mon fils a été diplômé barista par la SCA (Specialty Coffée Association) ce qui nous a permis de développer notre carte de boissons gourmandes. Ensuite, j’ai également embauché ma fille, qui est en alternance en NDRC, et ma belle fille, qui est chargée d’affaires professionnelles. Notre livreur, quant à lui, gère les SAV outre les livraisons, et c’est un ami d’enfance de mes enfants. C’est une entreprise familiale. »

 

Les ateliers de la Brûlerie des Alpes : un lieu idéal pour les amateurs de café

 

« Une fois par mois, on fait des ateliers de torréfaction avec la société Wecandoo. On accueille maximum 8 personnes et on leur fait un cours sur l’histoire du café. Ils viennent à la rencontre du café vert. On leur explique avec quel café on travaille, on leur fait voir ce qu’est un stock low et on leur fait une dégustation de 2 cafés. D’abord, on leur fait voir comment on torréfie et tous les paramètres à prendre en compte. Ensuite, on leur fait déguster ce café puis le même café qui a une semaine. On leur fait voir que le café bouge et que c’est un produit naturel. Ils repartent très souvent avec le sourire. »

Particuliers ou professionnels, tout le monde peut accéder à l’atelier de torréfaction. Il en va de même pour l’atelier barista.

« À Montbonnot, on propose un atelier barista. Depuis 2022, je suis maître artisan torréfacteur et nous sommes aussi diplômés barista. Mon fils Julien a passé tous les diplômes et il pratique quotidiennement. Dans le cadre de ces ateliers, on leur explique l’histoire du café, on leur propose de faire du cupping et sur 4 cafés différents ils nous donnent leurs impressions. On les fait travailler sur les machines pour faire de la mousse de lait, on leur explique comment régler un moulin par rapport à l’acidité et l’amertume, comment faire une extraction de café, la densité du café etc. Julien les met ensuite à l’épreuve : chaque participant teste une extraction de café, la mousse de lait et éventuellement un dessin. Ils repartent avec des pépites dans les yeux, des documents et 2 paquets de café. »

 

 

Quelles sont les valeurs de la Brûlerie des Alpes ?

 

Dynamique et sans une once d’hésitation, la dirigeante exprime son point de vue sur les valeurs de la torréfaction.

« Une entreprise familiale avec un savoir-faire artisanal, soucieuse de la qualité de la matière première : voilà les valeurs portées par La Brûlerie des Alpes. Chaque café est sélectionné minutieusement afin d’offrir à nos clients un goût unique en tasse. On perpétue notre exigence également au travers de la torréfaction. Ce qu’on veut, c’est changer les habitudes des gens au niveau gustatif : qu’ils arrivent à reconnaitre les produits. »

La dimension locale est également une variable importante pour Patricia et sa famille.

« Nous sommes une torréfaction locale (depuis 1926) et artisanale. Soucieux de la satisfaction client, on veille à un service de proximité qui soit très réactif. Le fait de travailler en famille est notre force aujourd’hui. »

 

« Notre avantage, c’est qu’on fait tout. »

 

Patricia est humble et lucide sur la situation des torréfacteurs artisanaux. Au fil de l’échange, elle nous partage son point de vue.

« On a de la concurrence un peu partout. Nos concurrents peuvent être des coffee shop, des torréfacteurs ou les gros industriels, notamment en GMS et même pour pour la partie BtoB. Mais notre avantage  c’est qu’on fait tout : on est aussi bien sur le BtoB que le BtoC, on propose des ateliers torréfaction, barista et même des ateliers d’entreprise. On est transparents sur la traçabilité de nos cafés, ce qui est un critère important dans la décision d’achat du consommateur. »

 

« Notre force, c’est l’entreprise familiale. »

 

« Notre force c’est aussi l’entreprise familiale : nos valeurs familiales et notre savoir du produit. On ne sait pas tout, mais on est capables de se remettre en question et de faire avancer la société tous ensemble. On est tous dans l’optique de faire évoluer l’entreprise. Ça nous permet d’avancer main dans la main avec ce but commun. »

 

Que souhaitez-vous transmettre à vos clients ?

 

« Au niveau du BtoB, on a du CHR, des entreprises, des revendeurs. On ne travaille pas avec la GMS mais on va travailler avec des épiceries fines, des cavistes. Concernant les entreprises, il y a les salles de sport, les espaces de coworking, les cabinets de notariat, d’avocats, les coffee shop… Par contre, on ne fait pas les vending. On propose nos cafés et autres consommables types thé, sucre, gobelet, chocolat… mais également des prestations de service incluant la maintenance des machines, pour les clients qui se servent chez nous. »

Grâce au travail de l’équipe de la Brûlerie, les clients sont aujourd’hui nombreux et variés.

« On travaille avec tout le monde, sur toute la région grenobloise et au-delà : Bourgoin, Saint-Marcellin, Val Thorens, les Deux Alpes, l’Alpe-d’Huez… On est aussi présents sur toute la France puisqu’on peut envoyer nos produits aux particuliers via le site internet. Pour les pros, on peut aussi le faire partout en France mais il n’y a pas les machines. Pour les machines, on les renvoie vers le Groupement. »

 

Une spécialité à la Brûlerie des Alpes ?

 

« À la Brûlerie, on travaille avec tous les pays producteurs. On travaille les cafés de spécialité et les cafés d’exception. On propose du Blue Montain, du Kopi Luwak, et du Bourbon Pointu en bio. Il vient de l’Île de la Réunion et je travaille en direct avec le producteur. C’est quelqu’un que j’ai connu par hasard. Il voulait torréfier son café et il a fait appel à moi. »

Concernant les producteurs et la méthode de sourcing du café, Patricia a un avis bien tranché.

« Je fais appel à des sourceurs mais c’est moi qui choisis les cafés. Je leur dis avec quoi j’ai envie de travailler. Quand je fais rentrer un café, je leur demande la fiche technique du café, un échantillon de café vert et un de café torréfié en robe de moine. J’ai fait la certification bio pour mes cafés qui ont été certifiés par les producteurs mais s’ils ne le sont pas, ça ne me dérange pas. Je travaille avec des petites fermes donc leur café est forcément bio. Ils n’ont juste pas toujours les moyens de s’offrir la certification. (…) J’ai aussi des cafés Max Havelaar. »

 

 

« Dans le Groupement, on a beaucoup de choses à apprendre les uns des autres. »

 

Patricia Chemin a connu le Groupement Émeraude grâce à Patrice Moreau, gérant de Los Primos.

« À l’époque, c’est à lui que j’ai acheté ma machine à encapsuler. Il faisait déjà partie du Groupement et il m’en a parlé comme je commençais à faire du BtoB. Tout le monde a accepté mon adhésion. Au début, j’y suis allée par curiosité et par esprit de partage. Je savais que toute seule je stagnerai plus facilement. Dans le Groupement, on a beaucoup de choses à s’apprendre les uns des autres. La première réunion s’est très bien passée, on est très bien accueillis. Il y a un vrai échange et un vrai partage entre nous. On est transparents. »

À l’instar d’autres adhérents, Patricia estime que l’adhésion au Groupement a été une opportunité de taille pour sa torréfaction.

« Dans le Groupement Émeraude, on se ressemble de plus en plus. Ils m’ont aidé à me grossir sur le BtoB et le bio, et moi je les ai aidé sur les boutiques. Il y a une vraie relation entre nous. Quand on pose une question, il y en a toujours plusieurs qui répondent à nos problématiques. On est vraiment soudés. Il y a une harmonie qui se crée. Les expériences des uns aident les autres. Aujourd’hui, on est une bande de potes. Au sein du Groupement, j’ai pour mission d’expliquer ce en quoi il consiste aux potentiels nouveaux adhérents, puis de les intégrer après la validation des autres membres.  Il faut qu’ils aient la même mentalité. On est sur le côté partage de nos connaissances, de notre sympathie, de notre convivialité. »

 

Dans 5 ans, comment imaginez-vous la Brûlerie des Alpes et le Groupement Émeraude ?

 

Patricia Chemin est une femme très active dans de nombreux secteurs d’activités. Si elle souhaite participer au développement de son entreprise, elle aimerait également s’investir davantage pour le Groupement.

« Dans 5 ans, j’espère que l’entreprise aura encore évolué et qu’on sera plus nombreux. J’aimerais aussi me dégager du temps pour m’investir dans le Groupement Émeraude car ils le méritent. Mais je suis très prise : je suis élue à la Chambre du Commerce et de l’Industrie de l’Isère, je fais aussi partie du Conseil d’Administration d’Auvergne Rhône-Alpes, des femmes cheffes d’entreprise… J’espère réussir à prendre du temps. Le but c’est que la société grossisse. »

 

Une anecdote pour finir ?

 

Parmi ses nombreux souvenirs, notre dirigeante a sélectionné celui qui l’a le plus surprise.

« Un client m’a dit que l’un de ses amis américains qui habite à Los Angeles connaissait la Brûlerie des Alpes. Comment c’est possible ? Je ne sais pas, mais c’est amusant. Finalement, on voit que notre café va dans tous les coins du monde. On a des clients qui voyagent avec notre café en Chine, en Australie en Suisse et même en Floride. »

À la fin de sa phrase, elle se souvient : « J’ai même un client péruvien qui est venu m’acheter du café du Pérou, provenant de sa région. Il est venu me l’acheter pour le ramener dans son pays. »

 

Nous remercions vivement Patricia d’avoir pris le temps de répondre à notre interview. Un dernier conseil : testez la Brûlerie des Alpes !

 

 

 

 

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